LES ÉDIFICES
L’ÉGLISE SAINT-ANTOINE
L'actuelle église gothique St Antoine de Corrompis a été édifiée vers l'an 1450. Il devait y avoir une ancienne église romane, (puisque son nom "Corrompis" est cité dans des actes de l'an 1100) dont il ne reste que le portail.
Elle se trouve hors du village sur une petite colline. Le clocher présente un pignon triangulaire sur son mur. On entre par une porte de côté, qui s'ouvre au fond de la nef.
La restauration de 1979 nous a révélé les particularités de cette église : portail en plein cintre à moulures gothiques, baie flamboyante, clocher-mur à une baie, bénitier rustique avec figures du XVe...Croix de procession du XVIIIe.
St Antoine est de plan irrégulier : elle est composée de 4 travées (divisions transversales de la nef comprise entre deux colonnes engagées) : la quatrième sert de chœur et de sanctuaire. A droite de la deuxième, une chapelle est dédiée à la Vierge. A gauche de la troisième et de la quatrième, se trouve une chapelle dite seigneuriale dont les murs-bahuts ont été supprimés.
L'édifice est entièrement voûté d'ogives (en voûte d'arêtes). La nervure médiane de l'arc doubleau se prolonge sur la colonne jusqu'à sa base.
Dans la chapelle de Notre-Dame, sur l'autel, Marie tient de sa main un enfant Jésus debout, qui semble plus âgé que ses représentations habituelles. En face de l'autel, de magnifiques fonts baptismaux, creusés dans un mur, dont l'intérieur représente une coquille et dont la cuvette est fermée par un couvercle en bois.
Sur le mur en vis-à-vis, un tableau a été restauré en 2007 : d'un auteur anonyme, datant vraisemblablement de la fin du XVIIIème siècle, il représente la crucifixion, avec la Vierge, St Jean, St Antoine, probablement St Louis et un moine.
Dans le chœur se trouve un autel dédié à St Benoit dont la statue en plâtre peint repose, enlevée de son piédestal, à côté de celle de Ste Catherine Labouré et de St Antoine dans la chapelle seigneuriale.
Le chevet est plat et l'angle droit est contrebuté par un puissant élément cornier. Au milieu du chevet (au-dessus de l'autel situé dans le chœur) est une petite fenêtre. Un texte manuscrit apparaît sur son vitrail ("J'ai vu dans la lumière le ciel des yeux d'Anne....J'ai vu dans les yeux d'Anne la lumière du ciel...J'ai vu dans le ciel les yeux lumière d'Anne.... " J.D. FLEURY - 1980).
Le tabernacle-retable, restauré en 2015, est en bois polychrome et doré. Il est posé sur un gradin. Il se compose d’un tabernacle à 3 facettes, suivi de côtés latéraux et terminé latéralement par des ailerons sculptés. La porte plein-cintre possède un motif sculpté représentant une monstrance… elle est surmontée d’une tête d’ange ailé. Puis se développe sur les pans et le côtés latéraux des petites niches abritant chacune une statuette. Elle sont séparées par des colonnes torses surmontées de chapiteaux corinthiens. Les amortissements latéraux sont assurés par des ailerons à volutes sculptées de feuilles d’acanthes. Des têtes d’ange surmontent les niches des côtés latéraux.
La petite sacristie est adossée au chevet.
On remarquera que chacun des 3 autels a sa crédence (niche aménagée dans le mur), toutes de dimensions différentes et de style gothique, avec un arc en accolade.
A la chapelle seigneuriale est une belle fenêtre à remplage de style flamboyant. On notera dans cette chapelle et sur une partie de ses piliers, une litre qui devait faire le tour intérieur de l'église : cet ornement abandonné quelque peu avant la révolution, consistait en une bande de dimensions (longueur et largeur) diverses, peinte en noir à la mort du seigneur dont dépendait l'église et portant ses armoiries (difficile à défaut de documents d'identifier la date de la mort et le nom du défunt).
Un tableau a été restauré en 2007 : d'un auteur anonyme, datant vraisemblablement de la fin du XVIIIème siècle, il représente la crucifixion, avec la Vierge, St Jean, St Antoine, probablement St Louis et un moine. Il est accroché à gauche de la 2ième travée de la nef.
Mais la partie la plus belle de l'église est l'autel de la chapelle seigneuriale : surmonté d'un portique triangulaire, le tableau représente l'Assomption de Marie entouré de 6 anges et des 12 apôtres, le tout d'une expression de vie extraordinaire, ce tableau aurait été peint en 1653. Les personnages du bas sont de véritables portraits.
En sortant de l'église, vous pourrez faire une offrande : un plat en cuivre appelé "Bassin de St Antoine", a été offert par Antoine Berry, Antoine Doumairou et Pierre Gauzy en ... 1816 !
A quelques mètres de l'église se dresse une croix de fer forgé : la hampe est ornée d'un feuillage, les bras sont terminés par des fleurs de lis. Elle semble dater du 16ème siècle.
Il existait à la fin du XVIème siècle une chapelle Ste Catherine, qui était située entre Malbosc et l'église St Antoine, au lieu-dit "La Malautia" (aujourd'hui "La Marantié"). Elle se trouvait au sein d'une maladrerie (léproserie) : il n'existe de l'une ou de l'autre même pas la moindre ruine. Aucun document ne fournit le moindre détail au point de vue du culte touchant Ste Catherine. Tout ce qu'on sait à son sujet c'est que, en 1696, sa porte était abritée par un auvent et qu'un clocher dominait la nef.
Quant à la maladrerie, Charles Portal signale que c'est en 1450 que furent exécutés d'importants travaux de construction à cet édifice qui existait toutefois bien auparavant. Des réparations y furent faites dans le cours du XVIIème siècle. Il signale également l'existence, au début du XXème siècle "d'un pan de mur qui est resté debout et qui est percé d'une grande baie divisée en deux parties inégales par un meneau horizontal qui peut remonter au XVème siècle".
CHAPELLE SAINTE LUCE
Le propriétaire actuel a engagé récemment des travaux de sauvegarde et le bâtiment est désormais propriété privée.
L’édifice et sa dédicace avaient donné son nom à la communauté de La Chapelle Saint-Luce .
Ses murs constituent aujourd’hui avec les fontaines, le dernier vestige du patrimoine collectif et l’un des seuls souvenirs de la collectivité sous ses formes successives.
L’abandon, le vandalisme (dit-on) et la vente ont parachevé lourdement l’œuvre du temps et de l’oubli.
L’origine de la Chapelle nous est inconnue (XIVe siècle ?) . Nous savons qu’elle existait au début du XVI ème siècle quand les pestiférés y furent regroupés (1523).
Le 6 décembre 1528, un notaire reçoit oralement le testament d'un pestiféré à proximité de l'église.
Le territoire du juratif de la Capelle ne constitue pas une paroisse, mais une annexe de celle de Corrompis. A certains moments, Sainte-Luce est qualifiée d’église paroissiale, dans les registres d’état civil par exemple.
Cependant même lors de ces périodes, elle n’est pas confiée à un curé mais à un vicaire, tantôt explicitement chargé de l’annexe, tantôt exerçant le vicariat pour l’ensemble de la paroisse.(source "La Capelle Ste Luce" Jacques Griffon)
LA TOUR
A quelques mètres de l’église se dresse une tour , qui se trouve très en retrait par rapport à la localité. Elle fait partie de la ceinture de villages fortifiés et de points de surveillance de la Grésigne.
A une altitude de 200 m, la tour s’élève sur un petit coteau proche du Cérou, plus précisément à gauche de la route qui conduit à St Antonin dans un lieu appelé Corrompis au milieu d’une parcelle rectangulaire dépourvue de toute autre construction et entourée d’un muret de pierres sèches.
La tour, sur la base des techniques de construction et particulièrement des archaïsmes architecturaux qu’on peut y noter peut être datée avec vraisemblance des XIIème-XIIIème siècles.
Elle présente un plan d’une grande simplicité. Il s’agit d’un carré de 6m de côté avec un épaisseur de mur dans la porte d’un peu plus 1.30 m. L’élévation actuelle est de 14.83 m .Il n’est pas possible de restituer la hauteur totale de l’édifice primitif : le couronnement médiéval devait être, à coup sûr, sensiblement différent.
Des assises de moellons calcaires alternent en effet, assez régulièrement, avec des assises de réglages de dalles plates, de calcaire également(cette sorte d’ "opus listatum " médiéval est particulièrement bien visible sur les faces Sud et Ouest de la tour).
Dans le mur Ouest s’ouvre une porte qui donne sur le rez-de-chaussée. Ses montants sont droits. A cet endroit et seulement à cet endroit de gros blocs de chaînage en calcaire alternent avec le moyen appareil de l’élévation des murs. Le linteau est formé de trois gros blocs taillés en claveaux. La porte ouvre pratiquement de plain-pied vers l’extérieur (son seuil, en effet ne dépasse que d’une dizaine de cm le sol de l’enclos).
Vers l’intérieur , en revanche, elle surplombe d’1,20 m le sol du rez-de-chaussée qui présente donc la particularité d’être à demi enterré. L’intérieur de la pièce, de 3,40m de côté, ne prend jour que par cette porte ; un décrochement, d’une dizaine de cm, court le long des murs Nord et Sud et amorce le départ d’une voûte en berceau (bien visible dans l’angle Sud-Est) qui naît des murs latéraux en calotte aplatie, à mi-chemin entre la coupole sur trompes et la voûte d’arêtes, montée sur des dalles plates qui s’imbriquent en chevrons. Au sommet est pratiquée une ouverture carrée. Cette trappe mettait en communication le magasin voûté et le premier étage. A travers celle-ci, on aperçoit le toit effondré et l’élévation intérieure.
Le premier étage, lui aussi, possède une porte. Elle s’ouvre au centre du mur Sud, une embrasure en plein cintre, haute de 2,24m composée de blocs de grès rouge taillés.
Il est hélas aujourd’hui impossible d’accéder aux étages mais un simple coup d’œil sur la face Sud permet d’en discerner au moins quatre. C’est sur ce mur Sud que sont concentrées toutes les ouvertures ; outre la porte du premier étage, deux fenêtres sont percées l’une au-dessus de l’autre. La première, rectangulaire, de 0,73m de haut, présente des montants en blocs calcaire chanfreinés et un linteau de pierre blanche à deux crossettes dans le prolongement des montants verticaux.
L’autre de 0.38m, pratiquement carré, est limitée par des dalles de calcaire .
On note enfin, au niveau encore supérieur, une rangée de trous de boulins.
Le regroupement des ouvertures, portes et fenêtres sur le même mur, tandis que les trois autres restent aveugles, soit un indice de la fonction de surveillance de cet édifices, qui regardent dans la direction qu’ils on charge de surveiller.
La première moitié du XIIIème siècle est donc un temps de troubles. Si l’on a affaire à de simples postes de garde, les tours surveillent et verrouillent des espaces limités et qui dans certains cas, se substituent, s’ajoutent, à d’autres complexe défensifs, lorsque la nécessité l’impose. Il en va ainsi pour la tours de la vallée du Cérou.
Avant la fondation de Cordes, la vallée était commandée par le village fortifié de St Marcel. La tour de Salles a des ouvertures d’inspiration cordaise et elle est, de ce fait, postérieure à 1222.
De plus, le village est situé pratiquement en face de celui de St Marcel qui n’existait plus depuis 1212. Salles a donc sans doute pris la relève de ce dernier et a construit sa tour dans un but de surveillance ; cette dernière construction fait le pendant des Cabannes qui fermait la vallée de l’autre côté de Cordes.
Bournazel, avec sa situation en lisière d’un plateau et la vue très étendue qu’on en a, fut érigée sans doute dans une optique similaire.
La construction de tours en plaine répond, en définitive, à un impératif de défense rapprochée des habitats de la vallée et des voies d’eau ou de terre qui les traversent.
Ces villages particulièrement exposés en période de troubles surtout lors de la croisade contre les Albigeois requéraient un solide poste de garde pour en surveiller les abords.
Or c’est pendant ou plutôt juste après la croisade que sont érigées les quatre tours de plaine Elles dominent l’habitat (Bournazel) en contrôlent l’accés (Les Cabannes), voire se dressent sur son pourtour (Les Avalats) ou en son centre (Salles).
Cette nouvelle proximité de l’ouvrage défensif et de l’agglomération ne doit pas tromper : il ne s’agit pas là de la création de demeures seigneuriales urbaines, mais l’édifice reste un poste de garde et seulement cela. On cherche à se prémunir contre le retour, toujours possible, d’affrontements.
Le regroupement des ouvertures, portes et fenêtres sur le même mur, tandis que les trois autres restent aveugles, soit un autre indice de la fonction de surveillance de ces édifices, qui regardent dans la direction qu’ils ont charge de surveiller.
Il se pourrait aussi que cette tour soit prise dans l’ancienne fortification du château de Cajarc primitivement dit " des Corrompis " vue la proximité de l’église paroissiale qui aurait été la chapelle du château .
FERME DE MALBOSC
Connue dès 1432 sous le nom de Fortalicium et 1523 sous celui de Castrum.
Elle peut passer pour le type ordinaire des fermes-châteaux.
C'est un ensemble de constructions sur les côtés d'une cour rectangulaire, avec, dans une tour dominante, un escalier en vis.
La porte d'entrée est défendue par un encorbellement à machicoulis. Quatre meurtrières sont percées dans ce mur, deux en face et deux de chaque côté.
Au-dessous des premières est encastrée une grosse pierre carrée sur laquelle sont gravées les armoiries (au centre de l'écu un lion, au chef à senestre un soleil, puis un croissant et à dextre une sorte de bourdon de pèlerin ou de crosse) et la date de 1629.
On affirme que de Malbosc au chemin "des Cabannes à Cordes" on trouve, à quelques centimètres seulement de profondeur, les restes d'une voie pavée "comme les rues de Cordes", ce qui veut dire avec des dalles. (Charles Portal)
La famille Delhom ou de l’Holm devint de Malbosc par le mariage avec l’héritière du lieu Madame de Vauve de Molinier.
Les Molinier sont les 1er seigneurs de Malbosc en 1497.
En 1549, Molinier de Malbosc achète les revenus de Corrompis à Louis d’Albière
Le 31 août 1631 la peste était dans Cordes et c’est dans les bois de Malbosc que se réunirent les consuls.
CHÂTEAU DE CAJARC
Comme la plupart des manoirs du Cordais, il date du début du XVI siècle. Il est construit sur le flanc d’une colline, dominant la vallée du Cérou, sur un ancien château du XIII siècle.
Il s’agit du Château dit " des corrompis ".
En 1544, le seigneur Paul de Cajarc lui donna son nom.
Situé non loin de l’église St Antoine, sa terrasse (d’où l’on jouit d’un beau point de vue sur la vallée de Cérou et les collines d’en face) est bordée de deux constructions en belles pierres calcaires du pays, porte renaissance où les armoiries ont été rasées par la révolution, bel escalier à vis. La partie actuelle la plus ancienne du château conserve de belles fenêtres à croisées de meneaux de la fin du XVème siècle.
Il a subi au cours des ans des remaniements qui n’ont nui en rien à sa beauté.
Il semble n’avoir eu comme occupants que les familles de Cajarc, de St Félix de Mauremon (né en 1793 ) et actuellement, la famille Galaup-Dorchies.